Mes sœurs et moi – Les femmes forment-elles une « grande famille » ?

7 août 2019

Au-delà du ton un peu suranné ou des leçons quelquefois moralisatrices du roman (ah, cette Beth si parfaite, ne pourrait-elle pas – au moins une fois, je ne sais pas, moi – coincer le chat sous le piano, ou enfermer l’insupportable Amy dans le placard, juste deux minutes ?), j’ai toujours rêvé de pouvoir avoir des sœurs qui me comprendraient à demi-mot, seraient toujours là pour m’aider, pour m’apprendre les grandes choses de la vie… ou même, pourraient s’engager dans le genre de disputes homériques dont j’étais témoin lorsque j’allais jouer chez des amies. À mes yeux, tout, dans la vie des sœurs, semblait dix fois plus amusant, comme impossible à déchiffrer, décrypter entièrement.

Oh, j’ai grandi depuis, merci bien ! Et j’ai pu voir que certaines sœurs ne se sentaient pas aussi proches que dans l’image d’Epinal que j’en avais, ou n’avaient pas le sentiment d’avoir reçu plus d’aide ou de soutien de la part de leurs sœurs que de leurs amies ou proches, par exemple. Pourtant, j’ai aussi pu constater, avec le temps, à quel point nous sommes douées pour nous fabriquer des familles, nous trouver des (âmes) sœurs dans les amitiés que nous nous créons, les liens que nous tissons avec les femmes plus âgées ou plus jeunes que nous.

En affaires, par exemple, les femmes sont nombreuses à se chercher des ‘mentors’ qui feront office de grandes sœurs dans leur domaine, leur apportant tous les conseils et les encouragements nécessaires à leur avancement dans la société. Les femmes sont aussi les plus grandes adeptes du micro-crédit, tant dans le rôle de demandeuses que de créditeurs, et elles forment d’importants réseaux de femmes entrepreneurs. Marie Gabriel en parle bien dans les Chroniques, et nous montre l’envergure de la solidarité des femmes entre elles…

C’est sans compter les divers cercles et associations de femmes qui se consacrent à toutes les activités possibles, de la broderie au cyclisme, aux clubs de lecture exclusivement féminins. Les commentaires curieux ou blagueurs des hommes n’y changent rien, les femmes aiment se retrouver entre elles pour échanger les derniers potins, discuter de leurs petits tracas ou avouer leurs grands tourments loin des regards des autres. Sans doute ont-elles l’assurance, dans ces cercles, de trouver une écoute compatissante et solidaire.

Est-il alors encore question de solidarité, ou pouvons-nous étendre cette attitude à une sorte de sororité ? Ce besoin d’affiliation, de complicité voire même d’intimité, est-il un trait spécifiquement féminin ? Il n’est pas rare, pour nous, de considérer notre ‘meilleure amie’-  une appellation datant des bancs d’école – comme notre sœur. Cette meilleure amie a la capacité, à nulle autre pareille, de nous faire rire, de nous consoler, de deviner comme personne ce qui nous fera plaisir… Mais aussi de nous énerver, de nous enrager et de nous blesser comme peu d’autres.  Au fond, rien de bien différent de ce qu’une sœur pourrait faire, selon moi !

On a débattu à souhait des amitiés viriles à toute épreuve et, du côté féminin, de la relation mère-fille qui nous marque à jamais, mais qu’en est-il des liens entre sœurs, et par extension, des amies si proches qu’elles en deviennent sœurs d’âme ? Malgré de pâles tentatives telles que le livre de Rebecca Wells, Les Divins secrets des petites ya-ya (en anglais, The Ya-Ya Sisterhood), par exemple, il me semble que l’esprit de sororité mériterait d’être observé avec un peu plus de profondeur… et d’appréciation !

A. Louette –

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