Estelle Hughes, la musique illumine ma vie

25 février 2020

Tout commence sans même que l’on ne s’en rende compte. Notre passion grandit en nous comme une plante invisible. Nous la nourrissons et elle nous nourrit. En tout cas c’est ce qui s’est passé entre le chant et moi.

Dans notre maison familiale au Cameroun, la musique était comme l’air que l’on respire. Du makossa arrivant du bar d’à côté aux disques de Johnny Halliday dont raffolait ma mère, des cantiques chrétiens de l’Eglise aux chants des contes racontés par mon père, les mélodies de ma vie ont toujours été multiculturelles et surtout omniprésentes car tout le monde chantait et dansait tout le temps. Et puis un jour, une de mes maîtresse d’école m’a dit que j’avais la plus belle voix de la classe.

Ce compliment énoncé avec naturel et le regard de l’adulte tourné vers une enfant assoiffée d’attention ont provoqué un déclic. Ma voix s’est faite angélique sur ‘à la claire fontaine m’en allant promener…’ J’avais quarante camarades de classe, cinq frère et sœurs et parmi tout ce beau monde, la chanteuse, c’était moi.

Aujourd’hui, le chant continue de définir qui je suis. C’est grâce à lui que j’exprime mes émotions, mes convictions, que je raconte ma vie et mes voyages. Le groupe pososhok que j’ai formé avec mon mari est le véhicule de notre idéal métis. Il est important pour moi de relayer en musique cette douce vérité si souvent malmenée : « toutes les vies humaines sur terre se valent et toutes les cultures se complètent et se répondent ».

Lorsque je chante j’adore mélanger les styles, les langues, les rythmes pour voyager et faire voyager. On retrouve dans ‘odyssey’, l’album de Pososhok tellement de langues : du zulu (Afrique du Sud), du bafia (Cameroun), du lingala (Congo) de l’anglais, du français. Nous nous sommes amusés aussi à collectionner les genres : makossa, jazz, rock, folk, chant à capella, etc. Dans cette musique, je retrouve mes voyages en Afrique, en Inde, en Hollande, je vois également mes enfants couleur chocolat au lait et cela me convient énormément.

Pour cette raison, je veux partager la musique partout et avec tout le monde. A l’école où j’enseigne, je fais chanter mes élèves bien que je sois leur professeure de français et non de musique. Je fais partie de la chorale Allégria où j’ai eu la chance de découvrir le classique et le baroque. Pour finir, la dimension spirituelle du chant me manquerait s’il n’y avait pas le gospel et les chants d’Eglise grâce auxquels je prie musicalement.

Le chant illumine ma vie, c’est sûr. Cet art à la force de l’ubiquité et de la flexibilité. On l’emporte avec soi partout et il y a un chant pour chaque situation.

 

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