La femme est le plus souvent critiquée pour trois raisons principales, trois idées fixes où en effet convergent tous les misogynes intellectuels : ce qui est vu comme propulsion féminine à la volubilité et au vain bavardage, le caractère très intéressé de l’amour chez la femme et la tendance de cette dernière à l’infidélité. Des allusions constantes sont aussi faites à ce que les misogynes voient comme une bêtise innée, comme une insuffisance flagrante de capacités intellectuelles chez la femme qui la rendrait incapable de suivre l’homme dans son envol vers des horizons éminemment élevés. On parle d’une intrusion survenue encore avec Eve et on s’interroge sur les vraies raisons qu’aurait pu avoir Dieu de créer un être autant secondaire que clairement néfaste.
Sur le plan du prétendu amour intéressé et cupide des femmes, les misogynes déplorent avec Jean Cocteau: « De la bourse ou de la vie, le voleur vous laisse le choix. La femme exige les deux. » Avant d’affirmer avec Mark Twain : « Un homme qui a du succès est un homme qui gagne plus d’argent que sa femme n’en dépense. Une femme qui a du succès est celle qui trouve un tel homme. » En matière de bavardage féminin, un autre auteur célèbre écrit : « Les femmes n’interviennent jamais dans mes romans tout simplement parce qu’elles parleraient tout le temps et que les autres n’auraient plus rien à dire ». « Quand une femme se tait, c’est qu’elle va dire quelque chose. » – croit constater une plume anonyme. Un autre aphorisme misogyne essaie de fustiger à la fois le bavardage en question que la prétendue concupiscence féminine quand il prétend que « le silence est la seule chose en or que les femmes détestent. »
Le verbiage ne serait, à en croire les misogynes, qu’une des expressions de la bêtise des femmes. Car, voyez- vous, la parfaite ineptie de celles-ci les fait ressembler au miroir qu’elles scrutent tout au long de la journée ; comme le miroir donc, affirme Bernard Shaw, « elles réfléchissent mais ne pensent pas ».
Certains aphorismes misogynes ont un caractère nettement brutal et agressif. Aussi, Napoléon Bonaparte définit-il comme « l’une des horreurs de la guerre » le fait « que les femmes y soient épargnées. » Quant au virulent misogyne Sacha Guitry, on lui doit cette comparaison bien courtoise : « Les femmes sont comme les côtelettes : plus on les bat, plus elles sont tendres. »
Le violent négativisme à l’égard de la femme qui caractérise la misogynie intellectuelle a souvent fait apparaître celle-ci comme le refuge d’hommes insatisfaits et aigris. On soupçonne en effet ces intellectuels de ne s’être accrochés au métier d’écrivain que pour mieux oublier leurs échecs sentimentaux ou purement relationnels, et pour – en utilisant l’autorité de la plume – imposer leur propre version (flattant, inévitablement, leur ego personnel et l’ego masculin en général) de quelque indifférence ou quelque inconstance féminines qu’ils auraient concrètement dû essuyer dans leur vie. Mais à part ces aigreurs personnelles, on peut parler aussi – bel et bien ! – de pose misogyne chez certains intellectuels, voire de snobisme misogyne.
Certes, cette haine raffinée de la femme paraît très éloignée de la vie de tous les jours. Mais la misogynie ou, au moins, certaines formes de sous- estimation du « second sexe », n’est pas non plus absente de nos réalités concrètes. Sans même parler des sociétés patriarcales, traditionalistes ou autres islamistes où la femme se trouve humiliée et fortement dépréciée, on peut, bien sûr, penser à la « femme – objet » qu’exploite souvent à différents buts publicitaires un Occident surcommercialisant. Dans cette partie du globe en effet, les femmes, on ne les voile pas : on les dévoile… et on leur dit qu’elles le valent bien !
Dessy Damianova
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