On la voit souvent briller lors des visites officielles de son père, telle une « seconde » First Lady. Pendant le récent voyage de Donald Trump en Grande- Bretagne, la présence de la fille du président avait même quelque chose de plus pertinent et plus légitime que celle de Melania, la « vraie » première dame et troisième épouse de l’actuel président. Ce je-ne-sais-quoi de dynastique qui émane d’Ivanka, cette idée de prédestination à la succession de son père dont est presque mystérieusement entourée toute sa personne et qui la précède partout où elle va, faisait d’Ivanka une sorte d’interlocutrice attitrée et encore mieux adaptée à rencontrer les membres de la famille royale d’Angleterre que ne l’était la belle Melania.
Ivanka Trump et l’entreprenariat féminin
Mais plus sérieusement : Ivanka Trump est une jeune femme ambitieuse et énergique, une femme d’affaires qui, depuis l’entrée de son père à la Maison blanche est aussi conseillère du président. Au début de l’année, des rumeurs tenaces faisaient d’elle la future directrice de la Banque Mondiale, ce qui s’est avéré une parfaite « fake news », la Maison blanche ayant rapidement démenti d’avoir jamais proposé la candidature d’Ivanka au prestigieux poste. Ce qui est pourtant vrai, c’est que la fille du président était une sorte de chasseuse de têtes (américaines) pour la présidence de la Banque mondiale.
Economiste de formation (elle est diplômée d’économie de l’Université de Pennsylvanie), Ivanka a occupé des positions dirigeantes dans l’empire immobilier bâti par son père avant de se lancer dans une carrière indépendante en créant notamment Ivanka Trump Fine Jewelry, une ligne de bijoux en or et diamants. D’autre part, blogueuse et influenceuse en mode et en lifestyle, la jolie blonde règne sur les réseaux sociaux aussi jalousement que son père, utilisateur notoire de Twitter.
Mais si tout cela (sans oublier sa carrière de mannequin pour de célèbres marques de mode), peut encore paraître comme les caprices comblés d’une « Daddy’s daughter », l’engagement d’Ivanka en faveur de l’entreprenariat féminin est déjà quelque chose de sérieux. En effet, si elle n’a pas été candidate à la présidence de la Banque mondiale, celle qu’on appelle la « First daughter », est une collaboratrice active de la prestigieuse institution, dans le cadre de laquelle elle a lancé d’importants projets et créé, en 2017, un fonds de 1,6 milliards de dollars pour aider l’activité entrepreneuriale des femmes des pays pauvres. Plus récemment, en avril dernier, en visite en Côte d’Ivoire, Ivanka Trump, invitée au premier Sommet ouest- africain sur l’entrepreneuriat féminin, a annoncé une aide de 2 millions de dollars pour les caisses d’épargne des femmes qui travaillent dans le secteur du cacao.
Les velléités claniques de la famille Trump
La jeune femme fait aussi des régulières incursions dans le domaine de la politique internationale. C’est à elle que Trump a confié l’inauguration, au mois de mai de l’année passée, de l’ambassade américaine à Jérusalem. Quant à l’exercice auquel elle s’était livrée une année auparavant et qui l’avait menée à remplacer son père au G8 de 2017 à Hambourg avait soulevé, sur le moment, une vague d’incompréhension et de critiques ironiques. C’étaient pourtant des critiques plutôt bénignes et complaisantes : accusé de tout – et parfois de rien – c’est sur sa tendance à imposer sa fille sur la scène politique américaine et internationale que Donald Trump se voit critiqué le moins. Les observateurs, le plus souvent hostiles aux actions de ce président, préfèrent fermer les yeux sur la promotion clanique voire dynastique d’Ivanka : soit qu’on attend de cette jeune femme aux cheveux lisses à modérer les rugosités de son père, soit que son charme blond et quelque part « slave » (elle est aussi bien la fille de sa maman, la Tchèque Ivana, première épouse de D. Trump,) se prête parfaitement à la stratégie des médias de chercher et de promouvoir visages jeunes et beaux dans les milieux de la grande politique, Ivanka a la cote !
Où cela va-t-il l’amener ?
Maintenir l’ambiguïté
Il arrive souvent à l’ambitieuse blonde de répondre à la question si elle succédera à son père dans le fauteuil présidentiel. En effet, loin d’être choqués de sa vertigineuse ascension, bien des observateurs voient déjà Ivanka comme une potentielle candidate à la Maison Blanche. De son côté, consciente de son pouvoir sur les médias, la jolie blonde continue à maintenir astucieusement l’ambiguïté entre une potentielle opposition à son père et sa « soft power » la plus sûre, donc sa plus fidèle alliée. Ivanka maintient aussi l’émoustillante équivoque entre sa stature de femme d’action et la figure de « Daddy’s daughter », deux personnages qu’elle incarne avec un égal succès. Mais pour ce qui est du fauteuil présidentiel, n’oublions pas qu’être aspirant/e à la Maison Blanche est un exercice que même une Hilary Clinton, autre candidature féminine, elle aussi quelque peu clanique, n’a pas pu – et cela malgré un brillant passé de sénatrice et de secrétaire d’Etat – passer avec succès. Certes…face à un adversaire du nom de Trump.
Dessy Damianova
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