Un autre regard sur la mort !

21 janvier 2020

Au travers de l’expansion des loisirs, nous avons congédié la mort de nos foyers. Nous avons placé les vieillards dans les hospices, loin de notre vue. Nous avons tronqué une partie de notre évolution humaine contre l’idée que l’éternelle jeunesse était plus vraie que le vieillissement naturel de nos cellules et de notre écorce. Pourtant, qui y a-t-il de plus beau qu’une personne âgée debout et en mouvement ? Ces êtres sont des forces de la nature,  des encyclopédies universelles vivantes. Malheureusement pour eux, ils nous renvoient également l’image du grand saut dans l’inconnu. Alors, tel un sauf-conduit, nous nous sommes imaginés que le virtuel nous sauverait d’une quelconque forme de finitude. Parce que c’est bien de cela dont nous parlons ici : la fin de notre existence.

Dans notre lutte pour la longévité, nous nous sommes coupés de notre véritable nature qui est de mûrir, d’accueillir ce qui vient à nous et de nous approfondir pour devenir ce que nous devons être. Occupés par nos futilités numériques, nos interférences cérébrales, la course aux honneurs et autres combats pour des étiquettes, des apparences,… Nous sommes si nombreux à chuter dans la vieillesse comme l’on tombe dans une crevasse. Sans préparation, ni vision, nous découvrons malgré nous que l’existence avait une profondeur. Négligemment, nous réalisons que nous avons laissé filer entre nos mains des jours précieux dédiés à de vaines occupations. Il est trop tard pour revenir en arrière. Les coups successifs des bistouris pour rajeunir n’y feront rien. Les cumuls des assurances resteront vains. Les irruptions des comptes bancaires n’auront point d’effet. Nous pensions nous jouer de l’horloge céleste, la mort finira par clore notre humanité. Elle gagnera tôt ou tard. Nous passerons sur l’autre rive.

Effrayante idée que de mourir. Dans notre brouhaha de nuisances diverses et variées, la mort est notre compagne. « La vie, c’est le truc qui passe pendant qu’on multiplie les projets.», écrit John Lennon. Vivre, c’est avant tout être conscient. Conscient que la vie ne dure qu’un instant. Que la jeunesse est un cadeau qui va… Que chaque année qui nous est offerte est un don du ciel. Que pouvoir nous mouvoir, réfléchir, rêver, courir, sentir et ressentir émotions et sentiments au plus profond de notre chair est notre seule et véritable richesse. Que la santé qui nous accompagne est une bénédiction des dieux de l’Olympe ou d’ailleurs.

Dans cet espace, certains s’accrochent à toutes les expériences qu’ils rencontrent sur leur chemin et n’en vivent aucune. D’autres évitent l’engagement en repoussant la vie à travers des non-choix en attendant le lendemain. Nos gesticulations démesurées en tout genre et dans toutes les directions pour éviter de grandir n’ajouteront au bout du compte malheureusement point d’années aux années. Avec ou contre nous, la mort vaincra. Elle triomphera de toutes nos agitations futiles et désordonnées. L’idée de mourir n’enlève cependant en rien la saveur et la sève de l’existence. Au contraire, ici et maintenant, elle renforce en densité et en fluidité notre rapport à nous-même et à l’Autre. Notre cœur est le moteur et le gouvernail de cette traversée. Alors, qu’attendons-nous pour nous laisser glisser dans notre Vie ?

Nicolas-Emilien Rozeau

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