Entretien avec Jean-Claude Biver: « La vraie responsabilité de l’entrepreneur c’est de se préparer en tout temps à la crise »

30 juillet 2019

COTE NEWS  Après la crise que nous venons de traverser, quelles leçons avez-vous personnellement tiré de cette période ? Aurait-on pu agir différemment ?

Jean-Claude Biver  La seule vraie défense contre la crise c’est d’y être préparer avant qu’elle n’arrive (ce qui était le cas pour Hublot). La vraie responsabilité de l’entrepreneur c’est de se préparer en tout temps à la crise, car celle-ci fait partie du plan de marche du capitalisme. La seule chose qui puisse changer, c’est le cycle des crises. Ce cycle qui était proche de 10 ans, s’est peu à peu raccourci et aujourd’hui il semble se diriger vers un cycle de 7 à 5 ans.

COTE NEWS  La question du manque de main-d’œuvre très qualifiée a toujours été d’actualité principalement dans l’horlogerie de luxe. Peut-on dire aujourd’hui qu’il y a adéquation entre l’offre et la demande de personnel qualifié?

Jean-Claude Biver  La question du manque de main-d’œuvre qualifiée de qualité est un problème récurant car il sera de tous les temps difficile de trouver les perles rares. Mais l’intérêt des jeunes pour nos métiers nous permet aujourd’hui d’avoir une main-d’œuvre qualifiée plus abondante.

COTE NEWS  La délocalisation touche actuellement tous les secteurs d’activité et il y a un risque que davantage de fabricants se tournent vers l’Asie pour importer certains composants. Pensez-vous que le « Made in Switzerland » ait encore un avenir ? Si oui, quels sont ses atouts ?

Jean-Claude Biver  Le « Swiss Made » est fondamental, non seulement pour l’horlogerie, mais pour la Suisse. Il a fallu une centaine d’années pour le construire, le défendre et le promouvoir. Je trouverais scandaleux et dramatique de le lâcher. « Swissness » et « Swiss Made » sont des valeurs du pays, des valeurs que le pays ne peut pas se permettre de lâcher. Au risque de voir le pays tout entier en pâtir. « Swissness » c’est ce qui caractérise la qualité du pays et de ses habitants. Et c’est ce qui nous différencie des autres nations et des autres mentalités.

Jean-Claude Biver

COTE NEWS  Vous êtes un des monuments de la branche horlogère. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur cette industrie?

Jean-Claude Biver  Elle est florissante, riche en innovation et création et elle a su se muter déjà plusieurs fois. Elle a survécue à plusieurs crises et notre industrie horlogère en est toujours sortie renforcée. Avec le développement des pays tels que le Brésil, l’Inde la Chine, l’Indonésie, le Vietnam, la Turquie et les pays de l’Est y compris la Russie, l’industrie horlogère a encore de belles années devant elle. Ce pour autant qu’elle maintienne sa créativité, son esprit de conquête, son service et sa qualité. Sans tomber dans l’auto suffisance et l’arrogance.

COTE NEWS  Avec le recul de la vie, lorsque vous regardez l’ensemble de votre carrière, y-a-t-il quelque chose que vous auriez fait différemment aujourd’hui?

Jean-Claude Biver  Je voudrais vivre bien évidemment deux fois, mais seulement si je peux revivre à 100% la MEME vie, sans changer un iota!

COTE NEWS Lorsque vous aurez quitté la grande scène, qu’est-ce qui vous manquera le plus ?

Jean-Claude Biver  Le travail, l’équipe, la création, le développement, le produit, l’innovation et la gestion du risque.

Interview réalisée par Thierry Dime

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