Pratique encore marginale pour les petites et moyennes entreprises, mais qui n’attend qu’à se développer, le volontariat représente un engagement moral et social pour un nombre croissant de grandes entreprises suisses. L’engagement citoyen ne date pas d’hier. Mais depuis plusieurs années, il est devenu un moyen de corréler espace de l’entreprise et société civile.
Entre espace individuel et espace collectif
En fait, tout se déroule au sein de la minuscule fracture qui sépare les notions d’individualité et de collectif. Le bénévolat au sens large désigne tout type d’action offerte sans contrepartie par le biais d’une initiative individuelle. Dans le volontariat, c’est l’entreprise qui prend le relais et décide, encadre, planifie le projet d’entraide qu’elle souhaite développer, et qui capte au final les énergies éparses ou intermittentes de ses collaborateurs.
Durant ces activités, les rapports au sein d’une équipe de travail se trouvent optimisés, celles-ci permettent de comprendre certains enjeux, de rencontrer de nouveaux publics tout en produisant un effort positif et utile. Elles permettent aussi, dans certains cas, à des volontaires d’enrichir une ligne de leur CV et de valoriser des compétences non utilisées dans le cadre de leur profession.
Une conjoncture économique qui a favorisé son émergence ?
Il peut s’agir d’un bénévolat du XXIème siècle. Le volontariat est en effet apparu pour la première fois en Europe à la fin des années 80, en réaction aux politiques néolibérales de Margaret Thatcher, notamment aux privatisations massives. A l’heure où l’instruction civique déserte l’école et où le tissu social est fragilisé, le volontariat, et le bénévolat en général, ont constitué un remède contre l’isolement ou la précarité.
Il a permis d’élargir le rayon d’action des entreprises et de créer des ponts voire des partenariats avec des acteurs du secteur non lucratif, avec lesquels elles collaboraient peu par le passé.
Plusieurs initiatives notables
Le projet lancé en 2006 par HSBC Private Bank (Suisse) SA et intitulé Team up 4 Tomorrow dans les domaines de l’éducation et de l’environnement est l’un des premiers à proposer un aussi large panel d’initiatives. Pas moins de 23 projets cette année pour des engagements très divers qui aident à recréer du lien social là où il semble se fissurer.
L’Oréal Suisse a également récemment organisé une journée de volontariat. A l’occasion du L’Oréal Citizen Day le 31 mai dernier, l’entreprise a offert l’opportunité à ses employés de s’impliquer dans quatre projets locaux, mis en place en partenariat avec la commune de Vernier et le tissu associatif local.
Les entreprises ont parfois besoin de conseils pour identifier les domaines dans lesquels s’engager ou monter le projet à l’interne. En Suisse, c’est la Fondation Philias qui est pionnière dans le conseil en volontariat d’entreprise. Sur la base de son expérience, Philias a notamment formalisé 10 clés de succès pour réaliser un projet dans ce domaine, parmi lesquelles la nécessité de dégager un cadre d’action adapté aux contraintes de l’entreprise, ou de nommer un coordinateur de projet. La fondation est parvenue à devenir un relais essentiel entre associations et grandes entreprises.
2011 est l’année du bénévolat dans l’Union européenne. Promu en Europe tout au long de l’année, il connaît un franc succès en Suisse. On estime que près de quatre personnes en Suisse sur dix font partie d’un réseau d’entraide, d’une association ou ont déjà pratiqué le bénévolat. Si la proportion de petites, moyennes ou grandes entreprises engagées dans le volontariat était semblable, un pas de géant serait fait.
Pour garder une vraie valeur ajoutée, ce type de projet doit toutefois s’inscrire dans une démarche globale de responsabilité sociale…
Faustin Rollinat/Rédacteur TRIBUNES ROMANDES
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