Les onze nominations pour Hugo Cabret sont particulièrement intéressantes : le film magistral de Martin Scorsese est basé sur le roman graphique pour enfants et adolescents de Brian Selznick. Dans L’invention d’Hugo Cabret, l’auteur américain oscille entre croquis en noir et blanc et texte pour raconter l’histoire d’Hugo, un orphelin de douze ans vivant en secret dans une grande gare parisienne dans les années 1930. Son père, horloger, est mort avant de pouvoir terminer l’automate qu’il fabriquait, et Hugo tente désespérément de terminer le projet de son père, convaincu que l’automate pourra lui délivrer un message.
Au gré du hasard et de ses aventures clandestines dans la gare, Hugo rencontre Isabelle, orpheline elle aussi et à peine plus âgée que lui, et le parrain de celle-ci, Papa Georges. Cet homme-là n’est pas ordinaire, et Hugo comprendra avec le temps qu’il n’est pas uniquement le propriétaire du magasin de jouets de la gare…
C’est ici que l’histoire entre réellement dans un cycle presque infini de référence et d’hommage plein d’admiration aux débuts d’un art : Papa Georges n’est autre que Georges Méliès, précurseur du cinéma et créateur du fantastique film muet Le Voyage dans la lune. Ce cinéaste historique a véritablement terminé sa vie en tenant un magasin de jouets dans la gare Montparanasse à Paris, après avoir brulé la plupart de ses films et renoncé au cinéma face à des difficultés financières.
Le livre de Selznick, par sa forme graphique et son rythme de storyboard, livrait déjà une bonne dose de nostalgie pour le cinéma en noir et blanc et muet. Lorsqu’il est adapté à l’écran par un « enfant du cinéma » aussi admiratif que Scorsese, il donne lieu à un beau dialogue entre la page et l’image pour une totale réussite cinématographique. Scorsese n’a jamais hésité à clamer sa passion pour le cinéma, et a même créé une fondation, World Cinema Foundation, avec pour but de restaurer des dizaines de films du patrimoine mondial. Avec Hugo Cabret, le réalisateur a trouvé l’occasion d’offrir au public une de ses pus belles déclarations d’amour au cinéma… et à Méliès.
Comme les bonnes choses n’arrivent jamais seules, il est tout aussi réjouissant de voir que le grand succès The Artist de Michel Hazanavicius a également reçu une belle part des nominations aux Oscars 2012… Le film muet serait-il la tendance cette année ? Se présentant dans la même révérence au cinéma passé, ces deux films ont en tout cas réussi à émouvoir par leur sincérité.