A peine Steve Jobs l’a-t-il mis au monde le 27 janvier 2010 que l’ipad était introduit en milieu scolaire dans plus de 600 districts des Etats-Unis dont New-York et Chicago. En Isère (France), une classe de primaire (CM2) poursuit l’expérience de l’iPad débutée au premier trimestre 2011.
Un outil qui révèle un potentiel pédagogique : rapidité de passage d’une activité à l’autre sans comparaison avec le fait de ranger un cahier, sortir un livre, chercher un crayon ou encore autonomie augmentée avec l’application de maths et de français permettant à chaque élève de progresser à son rythme.
L’innovation technologique n’est donc plus l’apanage des entreprises ou des grosses multinationales désireuses de satisfaire le besoin du consommateur. Poursuivant une mission sociale, les nouvelles technologies sont de plus en plus souvent utilisées par les ONG qui les font grandir dans les pays en développement.
L’innovation sociale, créatrice de mieux être a pour point de convergence avec les ONG de développement d’amener un bénéfice mesurable pour la collectivité, un impact humain favorable sur le long terme. C’est le cas d’un projet d’expérimentation des tablettes numériques dans les écoles au Niger. Un pari ambitieux et moderne dans un pays qui n’a pas entamé sa transition démographique (la population croît de 3,1% par an). Cette mesure éducative se propose de développer le savoir-faire numérique des acteurs de l’édition scolaire et de tester les tablettes numériques sur deux cents élèves et professeurs du secondaire. Peu gourmands en énergie, ces outils nomades fonctionnent à l’énergie solaire à l’inverse des ordinateurs traditionnels, dépendant de l’approvisionnement en électricité. L’adoption du numérique tend aussi à combler le manque de supports pédagogiques et de ressources (bibliothèques, laboratoires, livres) quand on sait que le papier représente de 45 à 70% du coût de fabrication en Afrique contre 30% au Nord. A ceci s’ajoute la performance énergétique de ce type de technologies qui s’accroît tandis que son coût baisse. Dans ces conditions, déployer de nouvelles technologies compatibles avec des contextes « pauvres » relève de moins en moins de l’utopie.
Mais dans quelle mesure sur un continent, marginalisé économiquement, où les subventions sont souvent la clé de la compétitivité, l’usage des technologies est-il une occasion supplémentaire pour l’Afrique d’avancer comme acteur du développement ?
Par un pari sur l’avenir que certains pays n’hésitent pas à relever. A l’instar du Sénégal, où le portable utilisé par 77% de la population permet aujourd’hui de déclarer des naissances grâce au téléphone portable. Dans un pays où un enfant sur cinq est déclaré à sa naissance, le projet a été mis en œuvre entre avril et décembre 2011 dans la région de Kolda, la plus pauvre du pays, à destination de plus de 70’000 personnes.
Aliou DIAO chef de village de Dioulacolon confie que « Le projet est très bien accueilli par les populations. » et de souligner ses avantages : « Il leur évitera des déplacements souvent très onéreux vers les centres d’état civil. [… ]Dans six ans, tous les enfants iront à l’école avec leur extrait de naissance.» Proche des communautés, facile à utiliser, peu coûteux, disponible à tout moment, le téléphone portable est un outil idéal pour déclarer une naissance. Orange Group a développé gratuitement l’application sécurisée. Sonatel et Nokia ont, quant à eux, fourni les cartes SIM et les téléphones portables.¨
Comme le disait Léopold Sédar Senghor « Assimiler sans être assimilé », tel est le défi de l’Afrique pour faire de l’innovation un moteur au service du développement.
A. Pfister
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