Bruxelles n’a pas toujours eu la réputation enviable des autres métropoles du monde. Elle fut souvent décriée pour son manque de cohésion, sa laideur architecturale – le terme de ‘bruxellisation’ désigne d’ailleurs le gâchis urbanistique causé par une modernisation sauvage de quartiers anciens, ou son manque d’équivalents aux Tour Eiffel, statue de la Liberté, Big Ben ou autres grands lacs et fleuves qui font la fierté des villes qu’on a l’habitude d’admirer.
Tout cela, à mon humble avis, n’est que sottises. S’il est une ville qui vous prend doucement par la main, vous charme lentement avant de vous laisser totalement conquis pour de bon, ce pourrait bien être Bruxelles. Il faut se promener dans ses rues pavées, y voir les ombres et le sillon du ‘tram’ qui inspirèrent Jacques Brel, goûter au ‘half en half’ (‘moitié-moitié’, un mélange étrangement délicieux de vin blanc et de champagne que l’on sert depuis 1939 dans un des cafés préférés du chanteur, le Cirio, près de la Bourse)… Il faut se lever tôt pour voir les hâbleurs du marché aux puces de la Place du Jeu de Balle, où le vieux Bruxelles se montre sous son jour le plus authentique, et rester veiller tard pour voir les lumières de la Grand Place et de la place du Sablon redonner vie aux légendes si attachantes de la capitale belge.
Trésors cachés
C’est alors que Bruxelles s’offre le mieux au regard de ceux qui veulent bien se laisser guider : la ville compte, par exemple, des dizaines de chefs-d’œuvre Art Nouveau, comme la maison Victor Horta, devenu le musée de l’œuvre du célèbre architecte qui contribua à lancer le mouvement d’une esthétique audacieuse et joyeuse en Europe. Cette année marque le 150ème anniversaire de l’architecte, et est l’occasion de nombreuses festivités et activités. Ne ratez pas l’ouverture au public de ces véritables palais qui ont survécu aux dégâts du temps ! Parmi les plus beaux exemples de cette architecture se trouvent le musée de la BD et surtout le magnifique musée des instruments de musique, bénéficiant de la plus belle vue sur la ville. Du côté de l’Art Déco, cette fois, la Villa Empain, récemment restaurée et transformée en centre d’art, ravira les adeptes de trésors méconnus de Bruxelles. Pour découvrir toutes ces richesses, rien de mieux que de partir en promenade avec les guides de Voir et Dire Bruxelles : de l’histoire du port aujourd’hui oublié de Bruxelles aux bords de son canal pratiquement inexploré, des élégantes Galeries Royales au Bruxelles surréaliste, ces spécialistes parviennent sans aucune difficulté à nous faire aimer leur ville comme si on l’avait toujours connue.
À boire et à manger
Outre les moules-frites, l’américain (steak tartare)-frites ou la… mayonnaise-frites (vu les proportions observées sur les fameux cornets servis à tous les coins de rues, les mots semblent bien dans le bon ordre !), Bruxelles est aussi le paradis de la bière et du chocolat, des gaufres au sucre et des spéculoos, ces biscuits au mélange d’épices et de caramel qui sont toujours associés à la fête de la Saint-Nicolas le 6 décembre. La Gueuze, la Kriek, le Faro ou la Lambic font partie des bières typiquement bruxelloises qui s’imposent lors d’une petite pause dans les nombreux cafés et brasseries du centre – près de la Grand Place, rue de la montagne aux herbes, se trouve À La Mort Subite, café bruxellois par excellence qui fait bien mentir son nom en servant ses bières dans une atmosphère plus que vivante malgré sa longue histoire. Non loin de là, en remontant vers le Sablon, on peut aussi passer la porte des meilleurs chocolatiers de Belgique : Pierre Marcolini déballe ses pépites de pralines sur des comptoirs aussi longs que notre liste de commande pourrait l’être ; la pâtisserie Dandoy offre des Saint-Nicolas sculptés en chocolat à côté de ses célèbres spéculoos, et la très chic Maison Wittamer rivalise d’invention avec de multiples pralines, macarons et gâteaux à faire fondre les palets les plus exigeants.
Bruxelles la breughélienne a plus d’un tour dans son sac, et je ne serais pas surprise si, à la fin de votre city-trip, vous aviez comme un petit goût de trop peu !
A. Louette – Rédactrice TRIBUNES ROMANDES
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