Que révèle l’attrait pour les « Bed and Breakfast » ?

5 janvier 2020

Avantages au niveau du prix puis du confort

Parmi ceux-ci, la relative sédentarité des voyageurs helvètes. Ces derniers ont semble-t-il privilégié des destinations proches, délaissant les circuits classiques ou les bords de mer. Même si une ou deux semaines passées en France ou en Espagne ne sont désormais plus incompatibles avec un ou plusieurs séjours au sein d’un canton proche…

La raison peut être d’une part économique, d’autre part culturelle : en temps de crise, ou de moins bonne conjoncture, les autochtones auraient tendance à privilégier des destinations locales et qu’ils connaissent déjà plus ou moins bien. C’est ainsi que beaucoup de français partent voguer sur l’Ardèche ou découvrir les Pyrénées qu’ils n’avaient même jamais entrevu auparavant. Les suisses romands, eux, flirtent avec la prairie du Grütli quand leurs cousins alémaniques redécouvrent les vignes bordant le Léman. A chacun son dépaysement.

Mais la principale raison de ce succès s’explique par un rapport qualité / prix très avantageux. Une chambre d’hôte se révèle souvent moins chère et propose un cadre de vacances plus authentique que l’hôtel ou le camping. En vérité, il se situe un peu entre ces deux extrêmes. Il permet de relier cadre naturel (que ce soit en ville ou à la campagne) et ergonomie du séjour. Il donne à la fois le sentiment d’être chez soi et chez quelqu’un d’autre, de pouvoir vaquer tranquillement à ses occupations sans couvre-feu, de reconstruire son chez-soi mais au sein d’un espace insolite. Les chambres d’hôtes ont aussi perdu cette identité un peu rustique, rattaché forcément à la nature. Presque la moitié des chambres d’hôtes est ainsi située en ville.

Revisiter son patrimoine

Les séjours n’excédant généralement pas 4 ou 5 jours, le « Bed and Breakfast » valide un nouveau type de vacances : d’une part une recherche d’authenticité liée à l’histoire et au terroir, et d’autre part un rapport humain plus enrichissant, ce que l’hôtel, qualifié de trop impersonnel, peine à offrir. Beaucoup de vacanciers souhaitent désormais s’ancrer dans une tradition, découvrir un patrimoine historique, culturel voire culinaire, et même rencontrer des gens de la région qu’ils visitent. La hausse des visites patrimoniales (châteaux, sites historiques ou naturels) parachève cette nouvelle tendance, même si elle s’accompagne d’un désir de détente toujours largement identifié avec le passage des vacances. Les propriétaires de chambre d’hôtes comprennent ce vœu et s’adaptent en conséquence : concilier détente et loisirs.

Effets de conjoncture

L’embellie probable attendue pour ces prochaines années pourrait trouver un ultime point d’orgue dans les crises qui ont émaillé les pays d’Afrique du nord, même s’il est sans doute un peu tôt pour l’affirmer. La saison d’été 2013-2016 en Tunisie ou en Egypte se révèle désastreuse et les nuitées en Suisse, que ce soit à l’hôtel ou en chambre d’hôtes, s’en trouveront certainement améliorées pour la troisième année consécutive.

Un inconvénient majeur est à relever : avec un franc aussi fort, le nombre de nuitées réservées depuis l’étranger et notamment par les pays de la zone euro, pourraient se voir sérieusement affectées. Pour le moment, on n’assiste pas à une désaffection brutale des réservations mais le second semestre de l’année pourrait s’inscrire comme un moment très difficile à passer.

Le « Bed and Breakfast » peut-il sérieusement concurrencer l’hôtel ?

Pour le moment, il serait très présomptueux de l’évoquer. Le quota de remplissage des hôtels en Suisse a dépassé les 50% en 2019, quand celui des chambres d’hôtes n’atteignait que 30%. Un gouffre qui montre l’étendue du chemin qui reste à parcourir pour égaler le secteur hôtelier, de loin le plus performant. Plus qu’une concurrence, le « Bed and Breakfast » constitue plutôt un complément.

L’Office fédéral de la statistique révèle que près de la moitié des nuitées réservées en « Bed and Breakfast » en 2019 proviennent de résidents suisses. Ainsi, et plus que jamais, « la sensation d’être chez soi quel que soit l’endroit » est loin d’être un slogan erroné…

Faustin Rollinat

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